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du Chev. Grandisson.

plus qu’eux-mêmes. Son Pere la nomme l’honneur de sa vie. Sa Mere ne respire que pour elle, & ne connoît de bonheur que dans sa chere Clémentine.

(Clémentine ? ah ! Lucie, quel aimable nom !)

J’avois formé à Rome une étroite liaison avec le Seigneur Jeronimo, environ dix-huit mois avant que d’être connu du reste de sa famille, autrement du moins que par le témoignage de mon Ami, qui n’avoit pas ménagé les éloges en ma faveur. Il possédoit mille bonnes qualités ; mais son malheur le fit tomber dans une société de jeunes Libertins du même rang, dans laquelle il s’efforça de me faire entrer avec lui. J’eus la complaisance d’assister quelquefois à leur assemblée ; non que j’ignorasse la dissolution de leurs mœurs, mais j’espérois de lui faire ouvrir les yeux, & de le dégouter insensiblement d’une si dangéreuse liaison. L’amour du plaisir l’emporta sur mes conseils & sur ses meilleures inclinations. Notre amitié ne pouvant pas se soutenir, avec cette différence de goût, nous nous séparâmes ; & notre correspondance cessa tout-à-fait dans l’éloignement ; mais le hazard nous rejoignit à Padoue. Jeronimo, qui avoit eu de fâcheuses occasions de reconnoître ses erreurs, m’avoua qu’il avoit changé de principes ; & l’amitié fut renouée de bonne foi.

Cependant elle dura peu. Une femme de condition, moins célebre par sa vertu que