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du Chev. Grandisson.

Que j’ai cru voir de tendresse dans toutes ses attentions pour moi ! Il ne m’a pas humiliée, en attribuant mon incommodité à son récit, ou en m’offrant de l’interrompre, & de le remettre à quelqu’autre tems. De bonne foi, Lucie, ce n’étoit point cela. Je l’aurois distingué facilement. Au contraire, comme il ne m’arrive gueres d’être aussi affectée des événemens fâcheux dans le moment qu’ils arrivent, qu’après avoir eu le tems de les étendre, de les comparer par mes réflexions, & d’en peser les conséquences, je me sentois le cœur très-ferme. Rien, disois-je, n’est pire que l’incertitude. À présent, ma constance aura l’occasion de s’exercer ; & je réponds de soutenir aussi courageusement que lui, un mal que je croirai sans remede. C’est du moins la disposition où je me suis sentie en revenant. Ainsi, ma chere, vous pouvez être persuadée que mon altération n’est venue que de la trop grande chaleur.

Je me suis donc armée de tout mon courage, & je l’ai prié de reprendre son histoire ; mais j’ai eu soin de tenir le bras de mon fauteuil, pour m’affermir contre de petits tremblemens qui pouvoient augmenter. Il m’en étoit resté un peu de mon accident ; & vous vous imaginez bien, Lucie, que je n’aurois pas voulu qu’il les eût attribués à l’impression que son récit pouvoit faire sur moi. Il l’a repris dans ces termes :

Boulogne & le voisinage d’Urbin contien-