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Histoire

n’a pas fait difficulté de désirer mon alliance. Mylord L… vous a parlé d’une Dame de Florence, qui se nomme Olivia. Elle possede assurément des qualités distinguées. Sa naissance est illustre. Elle a de l’esprit, de la beauté, de l’agrément dans les manieres, avec un bien considérable, dont la mort de sa Mere, qui n’avoit point d’autre Enfant, l’a laissée seule héritiere. Je la vis pour la premiere fois à l’opéra. Une occasion, que j’eus sous ses yeux, de prendre la défense d’une autre Dame, qui avoit reçu quelque insulte, m’attira beaucoup d’applaudissemens ; & la Signora Olivia fit retentir ses éloges. J’eus l’honneur, ensuite, de la rencontrer deux ou trois fois, dans une Maison dont on m’accordoit l’entrée. J’étois fort éloigné de cette présomption, qui fait naître trop facilement des espérances : mais une personne à laquelle on connoissoit quelque amitié pour moi, me fit entendre que j’étois Maître de ma fortune avec cette jeune Dame. Je me retranchai sur la différence des Religions. On m’assura que cet obstacle seroit facile à lever. Mais pouvois-je approuver un changement, qui n’avoit pour motif qu’une aveugle passion ? Il n’y avoit aucune autre objection contre la Signora Olivia ; sa vertu n’étoit pas soupçonnée, mais on lui attribuoit un naturel impérieux & violent. Mes notions d’Amour ont toujours été les mêmes : je n’aurois pu me croire heureux avec elle, quand