Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/349

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139
du Chev. Grandisson.

ouvert par la franchise du vôtre. Si vous voulez m’accorder un moment d’attention, je vous exposerai une partie de mes embarras, & je vous laisserai la liberté d’en faire le récit à Mylord L… & à mes Sœurs. Vous paroissez, tous quatre, animés du même esprit.

Je prends, Monsieur, un intérêt fort vif à vos peines… un intérêt fort vif, [a répété l’Innocente en tremblant, les joues successivement froides & brulantes, tantôt rouges & tantôt pâles, avec d’autres symptômes dont il n’a pu manquer de s’appercevoir.] Mais je regarderai votre confiance comme une faveur.

On m’interrompt, ma chere, à l’entrée de cette intéressante narration. Ne soyez point impatiente. Je souhaiterois volontiers de ne l’avoir pas entendue moi-même.

Je ne vous fatiguerai point, Mademoiselle, par le récit de cette partie de ma jeunesse, que j’ai passée hors de ma Patrie, depuis l’âge de dix-sept ans jusqu’à vingt-cinq. Elle contient néanmoins autant d’événemens sérieux qu’il en puisse arriver dans cette premiere saison, & dans la vie d’un jeune homme qui n’a jamais pris plaisir à marcher par des chemins tortueux. Mais après l’ouverture que je vais commencer, le Docteur Barlet, avec qui j’ai vécu pendant quatre ans dans la plus étroite correspondance dont il y ait peut-être aucun exemple