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Histoire

je serois tenté d’oublier que j’ai plus d’une Sœur ; car lorsqu’il est question de justice, les droits du sang & de l’amitié disparoissent.

Cet exemple ne prouve-t-il pas, Lucie, que grandeur & bonté sont des termes synonymes ?

Je suis persuadée, Monsieur, ai-je répliqué, que si Mylord G… est d’aussi bon naturel qu’il le semble, & s’il n’est pas fâché de trouver dans sa femme une vivacité à laquelle il ne paroît point aspirer lui-même, Miss Grandisson le rendra parfaitement heureux ? N’a-t-elle pas des qualités charmantes ? N’est-elle pas généreuse, tendre, compatissante ? Vous lui connoissez toutes ces vertus. Et peut-on supposer que son aimable vivacité l’emporte jamais assez loin au-delà des bornes de la prudence & de la discrétion, pour lui faire oublier la nature des devoirs qu’elle pense à s’imposer ?

Hé bien, Mademoiselle, je puis donc réjouir le cœur de Mylord G…, en lui annonçant qu’il a la liberté de voir ma Sœur lorsqu’elle sera retournée à Londres ; où si ce départ est retardé, car je prévois son impatience, à Colnebroke.

J’ose dire, Monsieur, que vous le pouvez.

À l’égard des articles, je me charge de ce soin. Mais ayez la bonté de répéter à Charlotte, que de ma part elle est absolument libre. Si dans les occasions qu’elle aura de connoître mieux que jamais le caractere &