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du Chev. Grandisson.

le premier rang entre tous les devoirs d’une femme.

M’est-il permis, Mademoiselle, de vous demander quelles sont ses vues, dans les questions qu’elle me fait quelquefois sur M. Belcher ? Je crois qu’elle ne l’a jamais vu. Mais suppose-t-elle, sur les éloges qu’elle m’entend faire de lui, qu’elle pût le préférer à Mylord G…

Je m’imagine, Monsieur, que ce qu’elle en a dit n’est qu’un effet de sa vivacité. Si Miss Grandisson avoit réellement quelques vues, je suis persuadée qu’elle y auroit apporté plus de mesures.

Je le crois aussi. J’aime ma Sœur, & j’aime M. Belcher. Je connois de la délicatesse à mon Ami. Si Charlotte avoit eu les vues que je soupçonnois, je ne pourrois soutenir qu’il crût trouver une raison de refuser son estime à ma Sœur, dans le malheur qu’elle a eu d’entretenir une correspondance secrette avec un homme absolument indigne d’elle.

[Mes esprits étoient un peu abattus. J’ai été forcée de tirer mon mouchoir. Ô chere Miss Grandisson ! ai-je dit assez haut pour être entendue. Je tremblois qu’elle n’eût perdu, en partie du moins, un bien qu’elle ne peut trop estimer ; la bonne opinion de son Frere.]

Pardon, Mademoiselle. C’est une peine bien généreuse, que je vous fais souffrir ici. Elle me fait adorer votre bonté ; mais je crois pouvoir vous révéler tous les secrets de mon