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lantes, que mon humilité l’emporte sur mon ambition.

Mon ambition, ai-je dit. Oui, ma chere. N’est-ce pas le propre de cette passion, que nous avons la folie d’appeler noble, de nous faire exalter son objet, tandis qu’elle nous porte à nous ravaller nous-même ? La fortune me manque, du moins ! À la vérité, j’entends dire à Sir Charles que ce n’est pas le point capital pour lui, & qu’il est assez riche de son propre bien. Il ne faut pas douter que les devoirs n’augmentent avec les richesses. On peut être aussi bon, par conséquent, avec un bien médiocre qu’avec une fortune plus considérable ; & la bonté n’est-elle pas une partie essentielle du bonheur ? Dans quelque degré de la vie qu’on se suppose, a-t-on d’autre intérêt que de savoir s’y renfermer humblement & d’en remplir les devoirs ? Mais qui peut souhaiter, par de vaines considérations d’amour propre, de resserrer le pouvoir d’un homme si généreux ? Son bonheur doit croître, à chaque occasion qu’il aura d’exercer sa bonté. Non, chere Lucie, je ne vois aucune raison de nous flatter.

Sir Charles se réjouit d’un billet qu’il vient de recevoir, par lequel Sir Hargrave remet, à la semaine prochaine, la partie de dîner dans sa Maison de la Forêt de Windsor.