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du Chev. Grandisson.

ment à l’entendre parler de son Fils, qu’il le pressa de s’arrêter quelque tems au Château de Grandisson.

Ce jeune Seigneur y consentit ; mais, pendant un séjour de quelques semaines, il ne résista point aux charmes de l’aînée des deux Sœurs. Il lui déclara ses sentimens : elle s’en remit aux dispositions de son Pere. Sir Thomas ne put s’aveugler sur leur inclination mutuelle ; ce n’étoit un secret pour personne. Celle de Mylord étoit ardente, & ses intentions trop honnêtes, pour lui faire desirer qu’elle fût ignorée. Cependant Sir Thomas voulut fermer les yeux. Ses manieres n’en étant pas moins civiles pour Mylord, il laissa le tems à sa Fille de prendre une passion plus sérieuse ; & par un autre caprice il évita plusieurs occasions, que le jeune Amant s’étoit ménagées pour lui faire l’ouverture de ses vues.

Enfin Mylord lui demanda un entretien particulier, pour une affaire qu’il traita d’importante. Il ne l’obtint qu’après divers délais, & quelques marques de répugnance, qui n’étoient pas un heureux présage. Mais il l’obtint ; & cette importante affaire se réduisit à la déclaration de son amour.

Sir Thomas lui demanda aussi-tôt s’il s’étoit ouvert à sa Fille. Cependant, si l’on peut compter sur le récit plaisant que Miss Grandisson fait de cette avanture, il étoit impossible qu’il ne se fût point apperçu de l’état de leur cœur, à tous les momens du