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du Chev. Grandisson.

absolument sa volonté, je consens à vous accompagner.

Miss Ém. Mais, Monsieur, dois-je reconnoître son Mari pour mon Pere ?

Sir Ch. laissez-moi ce soin, ma chere. Les petites difficultés nous arrêteront peu. Nous ne donnerons rien à l’orgueil. Mais je veux être sûr qu’ils sont réellement mariés. Il n’est pas impossible que d’un côté, l’amorce de la pension annuelle, & de l’autre, l’espérance d’une sorte de protection, ne leur ayent fait envisager à tous deux quelque avantage, dans les apparences d’une vie plus réguliere. Si votre Mere commence à sauver les dehors, c’est un point gagné pour l’avenir.

Miss Ém. Je suivrai fidélement tous vos ordres.

Sir Ch. J’ai, ma chere, un conseil à vous donner. S’ils sont mariés en effet, & si l’on peut se promettre d’eux une conduite supportable, vous leur ferez, s’il vous plaît, un présent honnête, tel que votre fortune vous le permet ; & vous leur ferez espérer qu’il sera renouvelé tous les ans, si M. Ohara continue d’en user civilement avec votre Mere. Elle se plaint d’être pauvre & dépendante : Pauvre ! C’est donc sa faute. Elle n’a pas apporté deux cens livres sterling à votre Pere. L’ingrate ! Je crois vous avoir dit qu’il l’épousa par inclination. Avec deux cens guinées, qui lui sont payées réguliérement, elle ne doit pas être pauvre. Mais,