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Histoire

de complaisance & d’esclavage, donnent lieu à des incidens fort bizarres. Sir Charles propose ensuite un mariage à son Oncle, pour rendre sa vie également douce & honnête. Il se charge de trouver une femme qui lui convienne ; & Mylord W…, charmé de la générosité d’un neveu qui, étant son héritier naturel, sacrifie par conséquent ses propres intérêts à son bonheur, s’abandonne entiérement à lui, en exigeant néanmoins que la femme qu’il lui donnera n’ait pas moins de cinquante ans.

Le visite de la Mere d’Émilie forme une scene plus vive & plus dangereuse. Delà viennent apparemment les craintes qui font envisager à Miss Byron un tourment continuel dans ce qui pourroit lui arriver de plus heureux. Le major Ohara & le capitaine Salmonet, s’étant flattés d’intimider Sir Charles, poussent l’insolence jusqu’à la menace ; & sur une réponse ferme qu’il leur fait, ils portent tous deux la main à l’épée. Il est forcé de tirer la sienne ; & par la supériorité de son courage & de son adresse, il fait sauter celle de l’un, il désarme l’autre, il les met tous deux dans la nécessité de sortir de sa maison, & de remonter dans leur voiture sans armes & sans chapeau. Ils lui disent des injures, qu’il méprise, & dans la rage où ils sont, il arrive fort plaisamment que l’un, qui parloit en penchant la tête à la portiere, se releve brusquement, tandis que l’autre veut se baisser avec la même chaleur, & que se rencontrant tous deux, ils se donnent un furieux coup, qui leur fait tourner leurs injures