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du Chev. Grandisson.

La défense de leur Pere les affligeoit d’autant plus, qu’elle pouvoit jetter dans l’esprit de Sir Charles les fondemens d’une froideur & d’une indifférence, que les derniers discours de Mylady Grandisson leur avoient appris à redouter. Cette respectable Mere leur avoit fait envisager un tems, où l’affection de leur Frere pouvoit leur devenir nécessaire. D’ailleurs il leur avoit promis à son départ de leur écrire réguliérement les circonstances de son voyage, & ses observations sur tous les lieux qu’il s’étoit proposé de visiter. Il avoit déja commencé à remplir cet engagement ; & dans ses dernieres Lettres, il leur avoit demandé quelques éclaircissemens qui regardoient son Gouverneur, auxquels diverses raisons ne leur avoient point encore permis de répondre.

Elles se réduisirent à demander souvent à leur Pere des nouvelles qu’elles n’espéroient plus de recevoir par une autre voie : il leur répondoit avec plaisir, & quelquefois les larmes aux yeux, qu’il avoit un excellent Fils, un Fils noble, vertueux, digne de ses Ancêtres. Dans toutes les compagnies il faisoit gloire d’être Pere d’un fils tel que le sien. Un jour Mylord W…, qui depuis la mort de sa Femme s’est accordé ouvertement des libertés dont jusqu’alors on n’avoit fait que le soupçonner, (dans ce siecle, ma chere, les caracteres vertueux sont bien rares,) répondit à quelques Amis, qui s’étonnoient que Sir Thomas tînt son fils éloigné depuis