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du Chev. Grandisson.

Fâchée, mon Amour ! Eh ! qui pourroit l’être contre vous ? Que vous m’avez causé d’émotion par vos tendres…

Je suis contente, si je ne vous ai point offensée… Mais dites encore une fois mon Émilie. Dites, bon soir, mon Émilie, mon Amour, & tous ces tendres noms que vous prononcez d’un ton si charmant. Donnez-moi votre bénédiction, comme si vous étiez ma chere Maman ; & je vous quitterai, & je m’imaginerai que je vais dormir avec les Anges.

Les Anges devroient être sans cesse autour de mon Émilie. Que le Ciel bénisse mon Émilie ! Bon soir. Que votre sommeil soit doux & paisible ! Je lui donnai un, deux, trois baisers, avec toute la tendresse qu’elle m’avoit inspirée pour elle, & je doublai le pas pour m’éloigner. Mais elle demeura sur sa porte, me conduisant des yeux, avec de profondes révérences, chaque fois que je tournois la tête pour la voir encore.

En réfléchissant, dans ma retraite, sur tout ce que cette chere Fille m’avoit dit, & sur l’incertitude de mon sort, je me trouvai la tête remplie de tant de pensées différentes, que pendant toute la nuit je n’ai pu fermer les yeux. Je me suis levée avant le jour ; & dans l’agitation d’un sujet si touchant, qui ne cessoit point de… je n’ai point eu d’autre ressource que ma plume.

Vous, chere Lucie, & vous, ma chere Grand-Maman, ma Tante, mon Oncle,