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du Chev. Grandisson.

Vos idées, ma chere, changeront auparavant.

Hé bien, je ne souhaite pas de vivre lorsque ce changement doit arriver. Songez, Mademoiselle, que ma seule consolation, dans le malheur où m’a jettée ma Mere, est d’avoir un Tuteur si aimable & si vertueux, de m’entendre nommer son Émilie, de me voir aimée de lui comme sa Fille. Dites-moi, Mademoiselle, si vous étiez Mylady Grandisson, m’envieriez-vous ces témoignages de sa compassion & de son amitié ?

Non, ma chere ; non, si je connois bien mon propre cœur.

Et m’accorderiez-vous la permission de vivre avec vous ? Dites, Mademoiselle, à présent que vous savez tout : me permettriez-vous de vivre avec vous & mon Tuteur ? C’est une question que j’avois déja pensé à vous faire ; mais la crainte & la confusion m’ont retenue, jusqu’à ce que vous ayez eu la bonté de m’encourager.

Je vous assure que j’y consentirois volontiers, si votre Tuteur n’y faisoit pas d’objection.

Hà ! Ce n’est point assez, ma chere Miss Byron. Seriez-vous mon sincere, mon ardente Avocat auprès de lui ? Il est certain qu’il ne vous refuseroit rien. Seriez-vous disposée… Je vais vous dire, Mademoiselle, comme il faudroit s’y prendre… Seriez-vous disposée à lui dire : « Voyez-vous, Sir Charles, cette petite fille, cette Émilie