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du Chev. Grandisson.

Mes trois Sœurs sont d’une franchise fort aimable, pour des femmes, mais, après ce défi, oseront-elles entrer dans la lice, à termes égaux, avec un homme assez clairvoyant, avec un Frere ? Non ; j’en suis presque sûr. Il n’est pas au pouvoir d’une femme d’être sans réserve sur certains articles ; & peut-être ne le doit-elle point. Cependant on rencontre quelquefois des hommes, des Freres, chez lesquels on est sûr que la confiance n’est pas mal placée.

Si ma proposition étoit agréée, je pourrois écrire, à mes Sœurs, la plûpart des choses que je vous communique. J’ai peu de secrets. Mes précautions ne pourroient regarder qu’un petit nombre d’occasions, dans lesquelles je craindrois de leur causer de l’inquiétude ou du chagrin. Lorsque je vous écris, mon cher Docteur, je sais que je puis me reposer sur votre jugement, des endroits de mes Lettres qui peuvent leur être montrés. Quelquefois, à la vérité, je me fais un amusement de la curiosité de Charlotte, qui semble se plaire, comme je lui disois dernierement, à supposer des secrets où il n’y en a point, pour se faire honneur de sa pénétration, lorsqu’elle croit les avoir découverts. J’aime alors à la voir dans l’embarras, & souvent en défaut, comme une punition du silence qu’elle affecte. Mais c’est assez aujourd’hui, sur un sujet que je pourrai reprendre avec vous. Vous ne sauriez vous imaginer combien je suis impatient de