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Histoire

dinaire de notre sexe[1], mais j’ai pris, ou plutôt j’ai reçu sa main, qu’elle m’a présentée ; & je me suis contenté de la conduire vers un fauteuil. Vous ne l’avez jamais vue. Elle se croit encore belle ; & si ses vices, qui semblent répandus sur son visage, ne la rendoient pas odieuse, elle pourroit en effet prétendre à la beauté.

Comment se porte Émilie, Monsieur ? (en jouant de l’Éventail.) Est-elle ici ? Prenez la peine de la faire appeller. Je veux la voir.

Elle n’est point ici, Madame.

Où est-elle donc ? Elle a quitté, depuis quelque tems, Madame Lane.

Elle est, Madame, sous la meilleure protection du monde ; sous celle de mes deux Sœurs.

Et de grace, Monsieur, quelles sont vos vues sur elle ? son âge n’est plus celui d’un Enfant. (en souriant, & me faisant voir sa pensée dans ses yeux.) Dites-moi ce que vous avez dessein de faire d’elle. Vous savez, a-t-elle ajouté, en affectant un air plus sérieux, que Miss Jervins est ma fille.

Si vous méritez, Madame, d’être reconnue pour sa Mere, vous devez être contente de la voir en de si bonnes mains.

Hò ! Monsieur, je n’ai jamais eu de foi pour la bonté des hommes. Lorsqu’une jolie fille se trouve dans leur chemin… Je con-

  1. Nota. L’usage des hommes, en Angleterre, est de baiser les femmes sur la bouche.