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Histoire

ai-je répété. Emportez cette Lettre. Je me crains moi-même.]

Miss Grand. Eh bien, Henriette ; un seul endroit. Il y en a un que vous devez lire. C’est l’affaire d’un instant.

Miss Byr. Je n’écoute point la tentation. Je ne lirai rien. J’attendrai qu’on me le communique.

Miss Grand. Mais vous pouvez être surprise alors, & ne pas savoir ce que vous aurez à répondre. Il vaudroit autant profiter de l’occasion. Prenez, lisez. On n’a jamais vu de pareils scrupules. Il est question de vous & d’Émilie.

Miss Byr. De moi & d’Émilie ! Ô Miss Grandisson ? Et que peut-il y avoir de commun entre Émilie & moi ?

Miss Grand. Quelle différence mettez-vous, chere Henriette, entre lire la Lettre & me demander ce qu’elle contient ? Je consens néanmoins à vous le dire.

Miss Byr. Non, non, vous ne me le direz point. Je ne veux point l’entendre. Je ne vous le demanderai jamais. N’y a-t-il que votre Frere, qui soit capable d’une action noble ? Il faut, ma chere amie, que vous & moi nous tirions quelque fruit de son exemple. Vous ne me direz rien.

Miss Grand. Jamais on n’a loué une femme dans ces termes ! Ce sont des louanges, Henriette… De ma vie, je n’ai rien entendu qui leur ressemble.