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Histoire

& que l’autre regarde comme la gloire de l’espece humaine.

Le Docteur ignora, pendant quelque tems, la part que Lorimer avoit eue à son malheur. Ce jeune Insensé avoit écrit en Angleterre, dans les termes du plus vif chagrin, le danger où son Guide étoit tombé parmi les Turcs ; & son Pere avoit pris toutes les mesures qu’il avoit pu, dans un si grand éloignement, pour faire donner du secours au Docteur ; mais il y a beaucoup d’apparence que ce secours seroit arrivé trop tard.

Comme le Pere ne pouvoit deviner que son Fils eût part au complot, à peine eut-il appris l’heureuse délivrance de M. Barlet, qu’il le conjura de ne point abandonner son Fils à ses mauvaises inclinations. Le Docteur, aussi éloigné de faire tomber ses soupçons sur son Éleve, ne fit pas difficulté de retourner à Venise, par compassion pour le Pere & le Fils. Il eut beaucoup de peine à dégager Lorimer des mains de la Courtisanne. Ensuite il se rendit à Rome avec lui. Mais là, ce malheureux jeune homme, ne gardant pas plus de ménagement dans ses débauches, en devint justement la victime, & sa mort fut un soulagement pour son Pere, pour le Docteur, & pour tous ceux avec lesquels il avoit quelque liaison. Dans les derniers momens de sa vie, il fit l’aveu du noir projet où la Courtisanne l’avoit engagé à Venise, & de la part qu’il avoit eue aux