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Histoire

éducation ; & sa joie fut extrême, en s’appercevant que sa négligence avoit été fort heureusement réparée par l’attention de sa femme, qui n’avoit laissé manquer aucuns Maîtres à l’Héritier de leur fortune & de leur nom. Le jeune homme étant tombé dans une profonde mélancolie, que le tems ne guérissoit point, son Pere attendit à peine qu’il eût dix-sept ans, pour lui faire commencer ses voyages. Il lui donna pour Gouverneur un ancien Officier militaire, qui avoit servi sous le général W…, Frere de Mylord W, & mille guinées de pension pour sa dépense.

Les deux Filles furent demandées par Mylady W… leur Tante, qui se chargea de leur éducation. Mais la mort leur ayant enlevé cette Dame, environ deux ans après celle de leur Mere, elles retournerent chez Sir Thomas, qui étoit alors consolé de sa perte, & qui n’étoit pas moins rétabli de ses blessures. Il mit auprès d’elles, avec la qualité de Gouvernante, une Femme, nommée Madame Oldham, veuve d’un de ses anciens Amis, dont la fortune n’avoit pas résisté, comme la sienne, aux dissipations dans lesquelles ils avoient donné tous deux. Il me semble qu’on peut appliquer aux Débauchés d’une fortune médiocre ce que je me souviens d’avoir entendu dire des tempéramens foibles. Ils doivent craindre de se lier avec les Débauchés d’une constitution plus forte, c’est-à-dire, plus opulens qu’eux ; parce que les excès, qui ne font qu’ébranler les uns,