sa prudence, il lui laisseroit la liberté de choisir un Compagnon de voyage, mais qu’il ne lui donnoit plus d’autre Gouverneur que sa propre discrétion. Alors, le jeune Chevalier, avec la modestie & la défiance de lui-même, qui sont un des ornemens de son caractere, demanda plus instamment que jamais ses conseils au Docteur ; & lorsqu’ils furent obligés de se séparer, ils établirent une correspondance qui ne finira qu’avec la vie de l’un ou de l’autre.
Le Chevalier exposa toutes ses vues à M. Barlet, & souvent à sa discrétion l’ordre de ses études & de ses courses ; mais ce commerce n’avoit pas duré long-tems, lorsque le Docteur lui marqua qu’il étoit inutile de le consulter d’avance, d’autant plus que le délai nuisoit quelquefois à d’excellentes résolutions ; que cependant il ne le prioit pas moins de l’informer de ses entreprises, & de tout ce qui pouvoit lui arriver d’important ; qu’outre la satisfaction avec laquelle il recevroit ce témoignage de confiance & d’amitié, il auroit celle d’y trouver des exemples qui feroient peut-être plus d’impression que tous ses préceptes, sur le cœur & l’esprit du malheureux Lorimer.
Tandis que le Docteur étoit arrêté, malgré lui, par son Éleve, dans quelques Villes de Lombardie, le Chevalier fit presque le tour de l’Europe, & ne laissa point d’y faire des observations fort supérieures à son âge. Lorimer étoit alors engagé dans les plus