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du Chev. Grandisson.

que M. Creuzer & le jeune Chevalier faisoient l’office l’un de l’autre ; c’est-à-dire, que le jeune homme avoit besoin de toute sa prudence, pour résister aux mauvais exemples d’un vicieux Personnage, qui cherchoit à lui inspirer le goût de la débauche, dans la vue de se délivrer de ses remontrances, ou d’empêcher qu’il ne fît des plaintes à son Pere. Le Chevalier Grandisson forma une étroite amitié avec le Docteur Barlet, & M. Creuzer ne se lia pas moins étroitement avec M. Lorimer. La vertu & le vice eurent le même pouvoir, pour former ces deux liaisons.

Creuzer & Lorimer ne se quittoient point, malgré les efforts que le Docteur faisoit continuellement pour les séparer. Ils donnerent dans plusieurs excès, dont l’un fit assez d’éclat pour les exposer aux recherches du Magistrat Civil. Lorimer n’évita le châtiment, qu’à force d’argent & de crédit ; pendant que Creuzer, ayant trouvé le moyen de s’évader, prit la fuite vers Rome, d’où il écrivit à son Éleve de l’aller joindre. Le Chevalier prit cette occasion, comme il l’en avoit menacé plusieurs fois, pour informer son Pere, & pour lui demander un autre Gouverneur, ou la permission d’aller attendre en Angleterre qu’il eût fait un meilleur choix. Dans l’intervalle, il pria le Docteur de lui accorder ses avis & ses instructions. Son Pere ne tarda point à lui répondre, que n’entendant parler que de