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Histoire

sante pour vous. Mais vous m’avez dit que les simples faits vous suffisent. En vous obéissant, Mademoiselle, je me repose sur votre bonté.

Le Docteur Barlet partit d’Angleterre avec un jeune homme de qualité, dont il étoit Gouverneur, & qu’il nommera M. Lorimer, pour cacher son nom réel. C’étoit un caractere absolument opposé à celui du Chevalier Grandisson. Il étoit non seulement grossier & fort indocile, mais présomptueux & malin, avec des inclinations basses & vicieuses. Le Docteur avoit eu beaucoup de répugnance à se charger d’un Éleve, dont il connoissoit le mauvais naturel : mais il s’étoit rendu aux instances de son Pere, qui l’avoit intéressé par les motifs de la charité chrétienne, & au serment solemnel que le jeune homme avoit fait de prendre une meilleure conduite ; d’autant plus qu’on avoit remarqué jusqu’alors, que personne n’avoit tant d’ascendant sur lui que le Docteur Barlet.

Ils étoient tous deux à Turin, lorsque le Chevalier Grandisson, qui avoit passé quelques mois en France, arriva pour la premiere fois dans cette Ville. Son âge étoit d’environ dix-huit ans. Il n’étoit pas mieux en Gouverneur, que le Docteur Barlet en Éleve, quoiqu’il eut reçu le sien de Mylord W… son Oncle. Quelques jours de résidence faisoient observer, dans chaque lieu,