Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/224

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
Histoire

Mais je n’ai pu tirer de réponse que de ses yeux qu’elle a levés une fois vers le Ciel.

Expliquez-vous, ma chere miss ; je serois au désespoir de vous chagriner ; donnez-moi quelque connoissance de votre situation, à l’exemple de vos Freres. Demeurez-vous avec l’un des deux ?

Non, Monsieur, je demeure avec une Tante, Sœur de ma Mere.

A-t-elle de la bonté pour vous ?

Beaucoup, Monsieur ; mais elle est chargée d’enfans. Cependant elle n’a rien négligé pour mon éducation. Avec le revenu de la somme que mon Oncle m’a donnée comme à mes Freres, & qu’elle a placée en fort bonnes mains, elle me met en état de faire une figure honnête ; & par mes propres épargnes, je me trouve encore quelque chose de reste.

Excellente fille ! ai-je pensé. Comment ton Frere Édouard ose-t-il dire que les femmes sont un fardeau ? Elles dont l’économie est si supérieure à celles des hommes !

Votre Oncle, Mademoiselle, n’a pas manqué de bontés pour vous, puisqu’il vous a partagée comme vos Freres. C’est ce qu’il fait encore dans son Testament ; & comptez que moi qui le représente, je suivrai ses intentions dans cette égalité. Mais vous demanderai-je, comme votre Oncle l’auroit fait, s’il y a quelque homme de votre connoissance auquel vous donniez la préférence sur les autres ?