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du Chev. Grandisson.

Nous étions à prendre le thé, & Mylord L… étoit présent. Jugez, ma chere Lucie, avec quelle satisfaction je me suis répandue sur le caractere de mon Pere & de ma Mere, tel que je l’ai entendu représenter tant de fois par ma Grand-maman. Charmant souvenir ! Mais croyez-vous qu’on ne m’ait point interrogée aussi sur des circonstances plus récentes ! On a pris tant de plaisir à mes récits, qu’on est dans une impatience extrême de connoître personnellement, & ma Grand-maman Sherley, & mon Oncle Selby, & ma Tante, & ma Cousine Lucie, & M. Dean, mon parrain. Tout le mérite, ma chere, n’est pas uniquement renfermé dans la famille des Grandissons. Si vous jugez que je me suis étendue particulierement sur l’histoire d’une jeune personne, dont la prudence a triomphé de l’amour, & qui n’est pas plus chere à elle-même qu’à moi, vous ne serez pas trompée. Tout ce que j’appréhende, Lucie, c’est que les deux Sœurs ne vous aiment à présent plus que moi.

Avant que je reprenne l’histoire de leur famille, je vous demande, ma chere, si vous ne pensez pas comme moi, que le Ciel a béni ces heureux Enfans, en faveur de leur excellente Mere ? Qui sait, si ce n’est pas une récompense du respect qu’ils ont toujours eu pour un Pere, dont il semble que la conduite en méritoit moins ? Je trouve dans mes idées que les obligations