Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
191
du Chev. Grandisson.

continué, qu’en se reconnoissant liée par une promesse, que l’imprudence de son âge, ses peines domestiques, & de pressantes sollicitations avoient tirée de sa main, elle étoit résolue, si l’on insistoit sur l’exécution, de la remplir par un célibat perpétuel. Ainsi vous voyez, Monsieur, qu’il dépend de vous de condamner Charlotte Grandisson à vivre fille, jusqu’à ce qu’il vous prenne envie d’épouser une autre femme ; pouvoir, souffrez cette réflexion, qu’il ne seroit pas glorieux d’exercer ; ou de lui rendre généreusement la même liberté qu’elle vous a laissée. Vous, Messieurs, si c’est la qualité de Juges que vous souhaitez de prendre entre nous, plutôt que celle de Parties, j’abandonne cette affaire à vos considérations, & je vais me retirer pour quelques momens. »

Je les quittai, lorsqu’ils se disposoient tous à parler, & je passai dans la salle publique du café. J’y trouvai le colonel Marter, que j’ai connu dans mes voyages, & qui cherchoit le major Dillon. Ma surprise fut extrême de recevoir un compliment de lui sur l’affaire qui m’avoit amené. Jugez, ma Sœur, de quelle importance vous étiez pour le Capitaine Anderson ; il n’a pu renfermer dans son sein l’honneur de plaire à la fille de Sir Thomas Grandisson, & les espérances d’avancement qu’il établissoit sur vous. Chere Sœur ! il est bien malheureux pour lui, qu’une juste fierté vous ait fait croire votre