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Histoire

Miss Byr. C’est ce qui me semble. Je ne vois pas quel autre nom je puis leur donner.

Miss Grand. Quoi ? Est-ce un reproche, de vous attribuer de l’amour ?

Miss Byr. Mais la maniére, Mademoiselle…

Miss Grand. Ho ! C’est donc la maniére qui cause vos plaintes ? Hé bien, [prenant un air grave & un ton plus doux, ] il n’en sera pas moins vrai que votre cœur est touché ; mais par qui ? C’est la question. À nous, qui sommes vos Sœurs, n’apprendrez-vous point par qui ?

(Assurément, Mesdames, ai-je pensé, vous avez vous-même quelque chose à m’apprendre, qui vous paroît un dédommagement pour cette insupportable persécution : & ma fierté néanmoins, ne me faisoit pas trouver bon qu’elles attachassent tant d’importance à ce qui m’auroit paru du plus haut prix, si je n’avois traité qu’avec mon propre cœur.)

Mylady L… (Venant à moi, & me prenant par la main.) Je vous dirai, chere Henriette, que vous êtes la plus insensible de toutes les filles, si vous êtes sans amour… À présent, que me répondrez-vous !

Miss Byr. Que peut-être je ne connois pas assez cette passion, pour devoir être si peu ménagée.

[Ici, s’étant assises toutes deux à côté de moi, chacune a pris une de mes mains tremblantes.]