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du Chev. Grandisson.

Mais quel parti prendrons-nous donc pour notre chere Sœur ? a demandé Mylady L… Les regards de Miss Charlotte nous ont fait la même question. Tout le monde s’en est rapporté à Sir Charles.

Je commence, chere Charlotte, a-t-il repris, par vous assurer que si votre cœur donne la moindre préférence à M. Anderson, & si vous croyez que la justice ou d’autres raisons vous obligent d’être à lui, je le verrai d’un air d’amitié, pour lui faire mes propositions & recevoir les siennes. Si nous ne trouvons point une ame généreuse ou reconnoissante, nous lui inspirerons ces sentimens par notre exemple, & je promets de commencer.

Ce discours nous a remué le cœur à tous. Le Docteur Barlet n’y a pas été le moins sensible. Miss Charlotte pouvoit à peine se tenir sur sa chaise : tandis que son Frere, de l’air d’un homme accoutumé aux grandes actions, qui ne suppose pas qu’il ait rien dit d’extraordinaire, ne s’est pas même apperçu de notre émotion.

Miss Grand. [Après avoir hésité quelques momens.] En vérité, Monsieur, le capitaine Anderson ne mérite pas le nom de votre Frere. Je n’entre là-dessus dans aucun détail, parce que je suis déterminée à ne recevoir jamais sa main. Il sait ma résolution. D’ailleurs ma promesse ne m’oblige pas d’être à lui. Si je lui connoissois de la vertu, de la générosité… Mais il n’a point assez de l’une & de l’autre,