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Histoire

censure. Mais j’avoue que c’étoit l’encourager assez, que de lui répondre par écrit, & que sa présomption s’est fondée là-dessus, pour solliciter une promesse, quatre mois avant qu’il ait pû l’obtenir.

Sir Ch. Et dans quels termes, je vous prie, cette promesse est-elle conçue ?

Miss Grand. Ô folie que je me reprocherai toujours ! J’ai déclaré que tant qu’il seroit à marier, je n’en épouserois jamais d’autre sans son consentement. C’est ainsi, qu’à mon extrême confusion, je l’ai constitué mon Pere, mon Tuteur, mon Frere ; ou du moins, que j’ai rendu comme inutiles, dans la plus importante affaire de ma vie, tous les conseils, toutes les influences de mes plus chers & de mes plus fidéles Amis. Bientôt après, comme je l’ai dit, il me fit connoître, par des Billets de sa propre main, avec qui j’avois le malheur d’être en Traité ; & depuis ce tems-là, je n’ai pas cessé de faire des efforts de bouche & par écrit, pour retirer une promesse téméraire. C’étoit mon espoir & l’objet de tous mes soins, avant que votre bonté, Monsieur, m’eût donné des droits à l’indépendance. Je me suis flattée, à la fin, qu’il céderoit à mes instances, & qu’il chercheroit une autre femme ; mais vous ne m’avez pas tenue assez long-tems dans l’incertitude de vos bienfaits, pour me laisser le tems d’achever avant qu’il en fût informé. Malgré cette disposition, j’ai gardé mon secret. Je n’avois point assez de