Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
Histoire

femme des choses agréables, d’un ton qui le soit aussi, a toujours pour lui la vanité de celle qui l’écoute, parce qu’elle ne peut douter de la bonne foi du flateur, sans déroger à l’idée qu’elle a de son propre mérite. Lorsque le capitaine eut commencé à m’écrire, ses Lettres augmenterent encore plus ma prévention. Mais aussi-tôt qu’il se crut sûr de moi, je vis changer la beauté de son style, & jusqu’à son orthographe. J’ai honte de le dire ; & j’en eus beaucoup alors de le voir.

Sir Ch. Tous les hommes se ressemblent. Il leur est naturel à tous, lorsqu’ils découvrent en eux quelque imperfection, d’apporter tous leurs soins à la déguiser, sur tout aux yeux de ceux dont ils veulent obtenir l’estime ; mais j’en ai connu, qui n’étoient pas aussi disposés que M. Anderson à reconnoître leurs défauts. Au reste, peut-être avoit-il perdu son Écrivain dans les changemens de quartier. Ce qu’il y a d’étrange, c’est qu’un homme d’une naissance honnête ait eu si peu d’éducation.

Miss Grand. Une jeunesse déréglée, comme je l’ai su depuis, l’a fait courir d’un College à l’autre, avant que d’avoir acquis les principes communs du savoir. Ensuite ses Parens lui acheterent une Enseigne, & c’est tout ce qu’ils ont voulu faire pour lui. Un second mariage, qui donna d’autres Enfans à son Pere, le fit regarder comme un Étranger dans sa Famille. Quelques in-