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du Chev. Grandisson.

me servir de vos termes. Mais, chere Charlotte, répondez-moi. Avez-vous moins de goût pour lui, depuis que votre fortune est sûre & dépend absolument de vous, que vous ne vous en êtes senti jusqu’alors ?

Miss Grand. Si je connois bien mon cœur, cette raison n’y change rien. Mais j’ai remarqué plus d’empressement dans ses soins, depuis qu’on est informé de ce que vous avez fait pour moi. Lorsque le bruit public me faisoit dépendre entiérement de mon Frere, & représentoit le bien de la famille en fort mauvais ordre, en un mot, lorsque nous étions, ma Sœur et moi, dans le doute de notre sort, je n’ai pas entendu parler souvent de M. Anderson ; & sa prudence m’expliquoit sa froideur, car je n’ai pas été long-tems à la pénétrer.

Ici, ma chere, Mylord & Mylady L… l’ont traité, assez vivement, d’indigne personnage. J’en ai pris la même idée ; & les regards du Docteur Barlet ont marqué qu’il en jugeoit comme nous.

Sir Ch. Je le plains. Il a trop de prudence, apparemment, pour se fier à la Providence. Mais, chere Sœur, quels sont à présent vos embarras ?

Miss Grand. Ils viennent de ma folie. M. Anderson me parut d’abord aussi sensé, que tout le monde le trouvoit agréable. Il parle avec beaucoup de feu & de facilité. Son air décisif ne me laissa point douter de son jugement ; & l’homme qui sait dire à une