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Histoire

pas deux pardons à demander au lieu d’un.

Elle m’a priée de rentrer avant elle ; mais elle m’a suivie presqu’aussi-tôt. Elle a repris sa place ; & trouvant le moyen d’allier avec son embarras un air de véritable dignité, elle a préparé notre attention par cet exorde.

S’il n’est pas trop tard, après une longue persévérance dans l’erreur, pour me rétablir dans l’estime d’un Frere, dont l’estime & l’amitié me sont plus précieuses que tous les trésors du monde, mon ingénuité va plaider pour moi.

Sir Ch. Chere Sœur ! Je voudrois vous épargner la peine…

Miss Grand. Je ne demande aucun ménagement, Monsieur, & je vous supplie de m’écouter. Mon dessein n’est pas de relever les fautes d’autrui, pour diminuer les miennes, & bien moins de jetter la moindre ombre sur une mémoire qui me sera toujours chere & respectable. Mais votre piété, Monsieur, ne sera point blessée, si je rappelle quelques circonstances que je crois nécessaires à mes explications. Mon Pere se trouvant offensé, ou jugeant à propos de le paroître, à l’occasion de quelques ouvertures qui regardoient le mariage de ma Sœur…

Sir Ch. [L’interrompant.] Deux mots, très-chere Sœur. Peut-être ne fut-il pas satisfait qu’un traité de mariage, quelques honorables que fussent le parti & les offres, eût été commencé sans sa participation.

Miss Grand. Personne n’ignore que mon