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Histoire

tems qui est celui de son humiliation. C’est alors que je leur ai confessé le dessein que j’avois de partir à cette occasion. Elles ont fait chercher sur le champ leur Cousin ; & l’explication, qu’elles ont eue avec lui, doit avoir été fort vive, puisqu’il leur a promis de ne donner jamais sujet aux mêmes plaintes. Il leur a dit qu’au fond il n’avoit pas une forte passion pour le mariage, & qu’il avoit long-tems balancé avant que de se déterminer à faire une déclaration si sérieuse ; mais que se croyant menacé, néanmoins, de courber un jour la tête sous le joug, il avoit jugé qu’il ne trouveroit jamais de femme avec laquelle il pût espérer plus de bonheur qu’avec moi.

Vous conclurez, ma chere, de la démarche de M. Grandisson, qu’on n’a dans cette Famille aucune pensée d’une autre nature. Ce qui me cause, peut-être, un peu plus de regret que je n’en aurois autrement, c’est que je vous vois, à tous, tant d’estime & d’affection pour le plus grand… oui, le plus grand des hommes, parce qu’il est le meilleur. Il est fort heureux, pour une jeune fille, que le goût de tous ses Parens se rencontre avec le sien. Mais il ne faut pas espérer l’impossible. Je verrai bientôt quel est donc le mérite de cette Mylady Anne. Si ma fortune… Réellement, ma chere, quand je serois la premiere Princesse de la terre, je ne désirerois pas d’autre homme, si je pouvois l’obtenir ; malheu-