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du Chev. Grandisson.

disson, qui mène une vie privée dans le célibat. Ce qu’elle avoit appris de ses grandes qualités, par les lettres de ses Sœurs, lui donnoit une vive impatience de voir un si cher Neveu.

Combien d’autres récits n’ai-je pas à vous faire de cet homme étrange ? Car il faut que je lui donne des noms aussi étranges que lui. J’ai demandé l’histoire du Docteur Barlet ; les deux Sœurs m’ont répondu que ne la sachant point entiérement, elles me renvoyoient au Docteur même. Cependant elles croient en savoir assez, pour le respecter comme le plus sage & le plus vertueux des hommes. Elles sont persuadées qu’il connoît tous les secrets du cœur de Sir Charles. N’est-il pas étonnant que les secrets de Sir Charles soient si profonds ? Il n’y a rien néanmoins de si rebutant dans Sir Charles & dans le Docteur, qu’on ne puisse leur faire quelques innocentes questions. Il est vrai que je ne suis pas curieuse. Pourquoi le serai-je plus que ses Sœurs ? Mais je crois qu’il est difficile de se trouver dans une famille d’un mérite extraordinaire, sans desirer un peu d’éclaircissement sur tout ce qui lui appartient ; & lorsque cette curiosité n’a point d’autre motif que l’envie d’applaudir & d’imiter, je ne vois pas qu’il y ait beaucoup de reproches à craindre.

J’ai fini l’Histoire que je vous avois promise, en la resserrant autant que je l’ai pu, & ne cessant point d’écrire nuit & jour, autant sur le récit des deux Dames, qui voyoient