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Histoire

ne pensassent trop tôt à se procurer une autre protection que la sienne. S’il avoit assez vécu pour mettre de l’ordre dans son bien, je suis persuadé qu’il auroit cherché à les rendre heureuses. Il m’a laissé ce devoir à remplir, & j’en veux faire mon premier soin.

Miss Caroline ne put trouver d’expressions dans l’excès de sa joie, & les larmes de Mylord sembloient prêtes à se faire un passage. Mon Pere, continua Sir Charles, m’a communiqué dans une de ses Lettres l’état des affaires de Mylord. Mon zele ne peut être mieux employé qu’à servir mon Frere. Promettez, Mylord, engagez, faites des entreprises. Le Frere se charge d’aider à votre fortune, & la Sœur de vous rendre heureux. Miss Charlotte fut si touchée de cette scene, que levant les mains & les yeux, elle pria le Ciel de rendre le pouvoir de son Frere égal à ses sentimens. Alors, dit-elle, le monde entier se ressentiroit de sa bonté ou de son exemple.

Vous étonnez-vous, chere Lucie, que Mylord L… & les deux Sœurs ne puissent contenir les transports de leur reconnoissance, lorsqu’on leur parle d’un Frere dont ils ont reçu tant de bienfaits ?

Deux mois avant le mariage, Sir Charles mit entre les mains de Miss Caroline un papier cacheté de ses armes. Vous trouverez ici, lui dit-il, ce que vous auriez reçu, sans doute, de la bonté d’un Pere, si l’état de ses affaires l’eût permis, & ce que Mylady Gran-