Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113
du Chev. Grandisson.

table Mere, & s’attend de sa part à d’autres embarras. Miss Émilie Jervins est une riche héritiere. On fait monter sa fortune à cinquante mille livres sterling. Son Pere faisoit un grand commerce en Italie & dans les échelles du Levant ; & depuis sa mort, Sir Charles a trouvé le moyen d’augmenter ce qu’il a laissé, par le recouvrement de plusieurs grosses sommes, qu’elle auroit perdues avec un Tuteur moins éclairé.

Quel nouveau monde s’est ouvert pour moi, chere Lucie, depuis les liaisons dans lesquelles je suis entrée avec cette famille ! Fasse le Ciel que votre Henriette ne les paie pas trop cher ! C’est ce qu’elle doit craindre, lui répondrez-vous, si son malheur l’engageoit dans une passion sans espoir.

Mylord L… revint d’Écosse deux ou trois mois après le retour de Sir Charles en Angleterre. Sa premiere visite fut au château de Grandisson, où le jeune Chevalier, ayant reçu de lui-même la déclaration de ses sentimens, & ne pouvant douter de ceux de sa Sœur, se fit un bonheur suprême de l’introduire auprès d’elle, & de joindre leurs mains, en les tenant serrées dans les siennes. Faites-moi l’honneur, dit-il à Mylord, de me regarder dès ce moment comme un Frere. Il est vrai, comme je l’ai reconnu, que mon Pere étoit un peu embarrassé dans ses affaires. Ne doutez pas qu’il n’eût de la tendresse pour ses filles ; mais peut-être craignoit-il qu’elles