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Histoire

Pupile en Italie, sous la garde du Docteur Barlet. Il ne tarda point à les faire revenir tous deux. Miss Jervins fut confiée aux soins d’une prudente & vertueuse Veuve, qui a trois filles bien élevées ; & quelquefois elle obtient la liberté de passer quelques jours à la Campagne avec les Sœurs de Sir Charles, qui ont conçu pour elle une très-vive affection. Depuis quelques jours elle me sollicite de lui procurer ce qu’elle nomme le bonheur de sa vie, qui est de demeurer constamment avec Miss Charlotte Grandisson ; & j’entreprendrai volontiers de lui faire un plaisir, pour lequel je ne vois d’éloignement à personne. Outre l’espérance de se perfectionner dans une École si noble, elle a besoin, dit-elle, d’une protection plus forte que celle de sa Gouvernante & de ses Filles, pour se défendre des entreprises d’une Mere dangereuse, qui cherche l’occasion de la faire enlever. Il faut vous apprendre en peu de mots l’histoire de Miss Jervins. Elle avoit le meilleur de tous les Peres ; mais sa Mere est une des plus méchantes femmes du monde : on lui attribue tous les vices. Je vous ai dit que ses excès d’ivrognerie & d’incontinence avoient forcé son Mari de quitter l’Angleterre, pour s’en délivrer. Cependant elle veut que sa Fille soit commise à sa garde ; c’est ce qui pourroit arriver de plus terrible pour une jeune personne, qui n’a rien que d’aimable dans la figure & les inclinations. Sir Charles a déja eu quelques démêlés avec cette redou-