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Histoire

désirer pour le transport de ses effets, avec autant d’égards & d’attentions que s’il n’étoit point arrivé de changement dans la Famille. Telles furent ses expressions. Imaginez-vous les remercimens & les larmes de cette pauvre femme. Les cheres Sœurs laisserent échapper, apparemment, quelques marques de jalousie, du moins si l’on en juge par le discours qu’elles prêtent à leur Frere : vous devez regarder, leur dit-il, la justice que je rends à ceux qui ne peuvent rien me demander qu’à ce titre, comme un gage de ce que je veux faire pour deux Sœurs, auxquelles je dois, avec la justice, tous les sentimens d’une tendre amitié. Vous en auriez déja ressenti les effets, si je n’avois appréhendé que la prudence ne resserrât trop mes intentions. Aussi-tôt que je connoîtrai ce que je puis, je ne perdrai pas un moment ; & je ne mets point de bornes à vos espérances. Comptez que je les surpasserai, si j’en ai le pouvoir.

Mes cheres Sœurs, continua-t-il, en leur serrant à toutes deux la main, je suis fâché qu’avec tant d’élévation d’esprit, vous soyez demeurées sous ma conduite. La meilleure des Meres l’avoit toujours appréhendé. Mais aussi-tôt qu’il dépendra de moi, je vous mettrai dans une indépendance absolue de votre Frere ; & vous n’aurez à répondre de vos actions qu’à vous-mêmes.

Elles ne répondirent d’abord que par des