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Histoire

elle ne les avoit portés qu’une fois ; & son dessein n’étoit pas d’en faire jamais usage. Elle vouloit ouvrir le tiroir. Non, Madame, lui dit Sir Charles, dispensez-vous de cette peine : les présens sont à vous. Tout l’argent qui est ici ne vous appartient pas moins. Je me garderai bien de retrancher quelque chose aux libéralités de mon pere. N’étoit-il pas le maître de ses actions ? S’il avoit fait un testament, n’auroit-il pas confirmé tout ce qu’il a fait pour vous ? Apprenez-moi, vous Madame Oldham, & vous cheres sœurs, le moindre dessein, la plus légere intention, qu’il ait eue en faveur de quelqu’un, & je l’exécuterai aussi ponctuellement que s’il m’en avoit fait une loi par ses dernieres dispositions. Nous bornerons-nous aux devoirs de la justice ? La Loi n’est pas faite pour l’homme de conscience et d’honneur.

Bon dieu ! cet homme, chere Lucie, me fera tourner la tête.

Vous imagineriez-vous ce qui m’a fait arrêter ici ? J’ai quitté ma plume ; je me suis mise à rêver : j’ai pleuré de joie. Il me semble, Lucie, que c’est de la joie qu’il y ait au monde un jeune homme de ce caractere. D’où viendroit-elle d’ailleurs ? Et je vais reprendre maintenant, avec des yeux qui ne sont pas encore trop secs.

Ses sœurs avouent qu’elles furent confondues ; mais que le tems n’étoit pas en-