Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
91
du Chev. Grandisson.

de faire penser au Public que nous ne la regardons point sous un autre jour. À l’égard des preuves vivantes, malheureux Innocens ! Je regrette que ce qui fait les délices des autres Meres ne puisse être ici qu’un sujet de honte : mais gardons-nous de publier des fautes, qui supposent deux coupables. Que dirai-je de plus ? Il seroit douloureux pour moi d’avoir quelque chose de plus à dire ; & peut-être n’en ai-je déja dit que trop. Les circonstances sont d’une nature qui ne me permet point de leur donner toute leur force. Cheres Sœurs, je vous demande en grace de me laisser le ménagement de cette affaire. Loin, la pensée de l’exiger comme un droit ; je me détesterois moi-même, si j’étois capable d’exercer à la rigueur aucun de ceux dont la mort de mon Pere m’a pu mettre en possession : mais vous m’obligerez beaucoup, par la complaisance que je vous demande.

Elles ne répondirent que par des larmes. Tant d’images touchantes les avoient attendries jusqu’à leur ôter l’usage de la voix. Cependant le retour de Madame Oldham, qui vint leur offrir elle-même le Chocolat, donna occasion à quelques nouveaux traits de sévérité. Elles le reçurent avec un simple mouvement de tête, & sans autre politesse ; tandis que sir Charles, affligé de cette dureté, s’empressa de prendre lui-même une tasse, qu’il offrit à Madame Oldham, & qu’il la força de recevoir.