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étais sorti. à mon retour, ayant rencontré Dorcas sur l’escalier, je lui ai demandé si sa maîtresse était dans sa chambre. Elle est dans la salle à manger, monsieur ; et si jamais vous espérez l’occasion de saisir une de ses lettres, ce doit être aujourd’hui. J’en ai vu une par terre, à ses pieds, qu’elle vient de lire apparemment, car elle est à demi ouverte. Elle est occupée actuellement d’un paquet d’autres. Je les crois toutes tirées de sa poche. Ainsi, monsieur, vous saurez une autre fois où les trouver. J’ai pensé sauter de joie, et j’ai pris sur le champ la résolution d’employer un expédient que je tenais en réserve. Je suis entré dans la salle à manger d’un air de transport ; et lui voyant cacher ses lettres dans son mouchoir, sans s’appercevoir qu’il en était tombé une, j’ai jeté hardiment mes deux bras autour d’elle : ah ! Ma très-chère vie, l’heureux expédient que je viens de trouver avec M Mennell, pour exciter Madame Fretchvill à quitter plutôt sa maison ! Je suis convenu, si vous l’approuvez, de prendre son cuisinier, sa femme de charge, et deux de ses laquais, dont le sort lui causait de l’inquiétude. Ce ne sera que jusqu’à ce que vous en ayez choisi de votre propre goût ; et dans la vue même de rassembler toutes sortes de commodités, j’ai consenti à m’accommoder de tout le linge de la maison. Je dois payer actuellement cinq cens guinées, et le reste, aussi-tôt que la maison sera livrée, et qu’on sera convenu du total. Ainsi, vous aurez une maison charmante, entièrement prête à vous recevoir ; quelques-unes des dames de ma famille viendront vous y joindre aussitôt. Elles vous presseront de ne pas suspendre long-temps l’heureux jour ; et pour satisfaire votre délicatesse, je prendrai le parti de demeurer chez Madame Sinclair, tandis que vous commencerez à résider dans votre nouvelle maison. Le reste, je l’abandonne à votre générosité. ô ma bien-aimée ! N’êtes-vous pas charmée de cet arrangement ? Je suis sûr que vous l’êtes. Faites-moi donc la grace d’en convenir ; et la serrant contre moi, je lui ai dérobé un baiser, le plus ardent que je me sois jamais permis ; mais sans perdre de vue mon dessein, car j’ai eu l’adresse de mettre le pied sur la lettre, et de la pousser assez loin d’elle, derrière sa chaise. Elle a paru fort irritée de la liberté que j’avais prise de l’embrasser. Je lui ai fait une profonde révérence pour lui demander pardon ; et me tenant quelques momens baissé, je suis parvenu à ramasser la lettre, que j’ai cachée soigneusement dans mon sein. Mais je ne suis qu’un sot, un étourdi, un homme à pendre, un vrai Belford ! J’avais meilleure opinion de moi. J’en baisse les yeux de honte. Ne pouvais-je pas me faire suivre par Dorcas, qui aurait pris la lettre pendant que j’aurais amusé sa maîtresse ? Cette importante pièce étant à demi ouverte, je n’ai pu la mettre dans mon sein sans un certain bruit et sans un mouvement extraordinaire, qui ont alarmé ses yeux et ses oreilles. Elle s’est levée brusquement. Traître ! Judas ! Ses yeux lançaient des éclairs, et son visage s’est couvert de rougeur. Charmant spectacle ! Qu’avez-vous ramassé ? M’a-t-elle dit, avec une vivacité extrême ; et, ce que je n’aurais pas osé lui faire pour ma vie, elle reprit sa lettre jusques dans mon sein. De l’humilité, des excuses, c’était l’unique ressource d’un voleur pris sur le fait. J’ai retenu la main qui me ravissait l’heureux papier. Ah ! Charmante Clarisse ! Pouvez-vous croire que je puisse me défendre