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qu’une perte que je ne cesserai jamais de déplorer était récente, non seulement je le trouve excusable, mais je n’y vois rien qui ne mérite mes louanges et mon approbation. Si vous êtes réellement déterminé à me voir sous quelque autre prétexte, quoique je vous avoue que rien n’est plus éloigné de mes désirs, je me rendrais blâmable, et tout-à-fait indigne du caractère que je veux soutenir aux yeux des honnêtes gens, si je vous faisais trouver quelque difficulté à vous satisfaire.

Dans l’incertitude où je suis du lieu où vous recevrez ma lettre, je pars demain pour Vienne. Tout ce qui pourra m’être adressé à la poste de cette ville, ou chez m le baron de Windisgratz, dont j’ai l’honneur d’être ami, me sera rendu fidèlement.

Comme je vous crois trop de générosité pour interpréter mal ce qui me reste à vous déclarer, et que je sais l’extrême considération que la plus chère de toutes les femmes avait pour vous, je ne ferai pas difficulté de vous assurer que la plus agréable réponse que je puisse recevoir de M Morden, serait le choix de la paix, plutôt que de tout autre parti, avec son admirateur sincère et son très-humble serviteur,

Lovelace.



M Lovelace à M Belford.

à Lint, 9 décembre.

Je suis en chemin vers Trente, pour y rencontrer le colonel Morden, suivant la réponse que j’ai reçue de lui à Vienne. La voici, dans ses propres termes.

à Munich, 2 décembre.

Monsieur,

votre lettre était à Florence quatre jours avant mon arrivée. Je suis parti dès le lendemain, pour me rendre digne de cette faveur ; et je ne désespérais pas que les agrémens de la cour de Bavière n’eussent pu retenir, au delà de ses intentions, un jeune voyageur qui ne cherche que de l’amusement. Mais n’ayant pas l’honneur de vous y trouver, il me convient de vous déclarer, monsieur, que, dans l’impatience où je suis de mériter l’estime d’un homme tel que vous, je ne puis hésiter un moment à faire le choix que M Lovelace ferait sûrement dans ma situation, s’il lui étoit proposé comme à moi.

J’avoue, monsieur, que, dans toutes les occasions où j’ai parlé du traitement que vous avez fait à ma cousine, j’ai tenu le langage qu’il méritoit. Il serait fort surprenant que j’en eusse pu tenir un autre. à présent que vous m’offrez si noblement l’occasion de m’expliquer moi-même, je dois vous convaincre qu’il n’est rien sorti de mes lèvres, par la seule raison que vous étiez absent. Apprenez donc, monsieur, que je n’attends que le nom du lieu, et que vous m’y verrez promptement, fût-il à l’extrémité de la terre.

Je m’arrêterai quelques jours à Munich. Si vous avez la bonté de m’y adresser votre réponse chez M Klienfort, soit qu’elle m’y trouve ou non, vos ordres arriveront avec autant de sûreté que de diligence entre les mains, monsieur, de votre très-humble serviteur,

Morden.