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ce nom, je n’aurai besoin, ni de vous, ni d’aucun autre au monde, pour assurer l’honneur de Madame Lovelace.

Le Col. j’en suis persuadé ; mais jusqu’alors elle me touche de plus près qu’à vous. Ce que je dis, monsieur, c’est pour vous faire juger que, dans le rôle que je fais, je mérit vos remerciemens plutôt que vos plaintes, et qu’en pesant bien l’occasion, vous n’y devez rien trouver de choquant pour vous-même. Contre qui, monsieur, une femme a-t-elle besoin de protection, si ce n’est contre ceux qui l’outragent ? Et par qui Miss Harlove se trouve-t-elle outragée ? Ainsi, jusqu’à ce qu’elle ait droit à votre protection, il me semble que vous devez me faire un mérite du zèle que j’ai pour sa défense. Mais vous aviez commencé, monsieur, à m’expliquer des circonstances que j’ignore.

(je lui fis le récit de mes offres. Je reconnaissais, lui dis-je, que ma conduite avait pu causer à Miss Harlove un extrême chagrin. Mais c’était la rigueur implacable de ses parens, qui l’avait jetée dans l’excès du désespoir, et qui lui faisait mépriser la vie. J’ajoutai, qu’elle avait eu la bonté de m’écrire, pour me faire suspendre une visite à laquelle j’étais absolument résolu ; et que j’avais fondé de grandes espérances sur sa lettre, parce qu’elle m’assurait qu’elle était à la veille de retourner chez son père, où elle me faisait envisager le bonheur de la voir.)

Le col. est-il possible ? Vos efforts, monsieur, ont-ils été si pressans ? Vous a-t-elle écrit dans ces termes ?

Milord me servit aussi-tôt de garant. Il ajouta même, que, par soumission pour ses désirs, j’étais revenu de Londres sans avoir obtenu la satisfaction de la voir.

Il est vrai, repris-je ; c’est ce que je vous aurais plutôt expliqué ; mais votre chaleur m’a rendu plus réservé, dans la crainte que ce détail n’eût l’air d’une basse capitulation ; foiblesse, qui me rendrait aussi méprisable à mes propres yeux qu’aux vôtres.

Milord proposa de soutenir mon apologie par des preuves. Il observa que les Harlove et moi, nous en avions usé mutuellement comme des ours ; que d’ailleurs toute cette famille s’était expliquée fort librement sur la nôtre : cependant, qu’en faveur de Miss Clarisse, plutôt que par égard pour eux, ou pour moi-même, il était résolu de faire beaucoup plus qu’ils ne pouvaient demander ; qu’il étoit prêt à s’y engager, et qu’il aurait commencé par cette déclaration, s’il avait pu nous inspirer plutôt de la modération et de la patience. Le colonel rejeta sa chaleur sur son affection pour sa cousine. J’acceptai volontiers ses excuses ; et milord ayant fait servir des rafraîchissemens, nous nous assîmes de fort bonne humeur après toutes ces discussions, pour entrer dans les éclaircissemens qu’on me demandait, et sur lesquels je ne m’étais pas fait presser. Mais ce sera le sujet d’une autre lettre, pour laquelle je ne veux que le temps de soulager ma main et de consulter un peu ma mémoire. Observe, Belford, quel est le désavantage d’une mauvaise cause. Il me semble que les interrogations du colonel, poussées d’un ton si ferme, ont dû répandre sur moi un maudit air d’humiliation, tandis qu’elles lui donnaient une supériorité que je n’accorderais pas au premier homme de l’Europe.



M Morden à Miss Clarisse Harlove.

mardi, 29 août.

Ma chère cousine,

permettez moi de prendre part aux infortunes qui jettent une malheureuse division entre vous et votre famille, et de vous offrir mon assistance pour ramener les choses au plus favorable état qu’on puisse encore espérer. Vous êtes tombée dans de fort indignes mains. Ce que j’apprends me fait juger que ma lettre de Florence est arrivée trop tard pour le fruit que j’en avais espéré. Ma douleur en est extrême, et je ne m’afflige pas moins d’avoir différé si long-temps mon retour.

Mais oublions le passé, pour jeter les yeux sur l’avenir. J’ai vu M Lovelace et milord M. Il serait inutile, suivant leur récit, de vous dire combien toute leur famille désire l’honneur de votre alliance, et quelle est l’ardeur de M Lovelace pour vous faire toutes les réparations