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exemple tiré de ses récits dans quelqu’une des plus intéressantes occasions, le moyen de juger s’il est nécessaire, en effet, pour mon honneur, que j’exécute ce qui m’est proposé. Vous serez assuré, par ma réponse à Miss Montaigu, que je joins à cette lettre, et que vous aurez la bonté de me renvoyer après l’avoir lue, qu’il m’est impossible de penser jamais à devenir la femme de votre ami ; et que, par conséquent, la communication que je vous demande ne peut lui faire aucun tort. D’ailleurs, je m’engage, devant le ciel, à n’en faire aucun usage dont il puisse se plaindre ; et, pour aller au-devant de toutes les défiances, je vous assure que, suivant une partie de mes vues, les détails que vous me communiquerez doivent tomber dans vos mains après ma mort, et ne passeront dans celles d’aucun autre.

Si vous jugez à propos, monsieur, de m’accorder cette demande, les endroits que vous me feriez plaisir de transcrire, sont ceux qui regardent le 7 et le 8 de juin, c’est à dire, ce qu’il peut vous avoir écrit à l’occasion de l’incendie dont je fus alarmée, et ce qu’il vous écrivit ensuite, le 11 et le 19 du même mois. Vous obligerez sensiblement votre très-humble servante,

Cl Harlove.

à présent, Lovelace, puisqu’il faut perdre tout espoir de te rétablir dans son cœur ; puisque tu as quelque avantage à tirer de ton ingénuité, n’ayant jamais cherché, comme d’autres libertins, à déguiser tes excès par des récriminations contr’elle ou contre son sexe ; puisqu’elle peut en recevoir quelque soulagement ; puisque tu seras mieux traité par ta propre plume que par la sienne, car tes actions ont fait assez connaître que tes écrits ne peuvent être la plus criminelle partie de l’aventure, je ne vois aucune raison qui m’empêche de l’obliger ; sur-tout avec les restrictions qu’elle s’impose, avec les raisons qu’elle apporte, et lorsqu’elle s’engage à ne pas violer le secret qu’on doit toujours aux communications de l’amitié : sur-tout, devrais-je dire plutôt, lorsque tu fais également gloire de ta plume et de ta méchanceté, et lorsqu’en vérité je ne connais rien qui soit capable de te faire rougir.

Mais de quelque manière que tu le prennes, elle sera satisfaite avant que tes représentations ou tes clameurs puissent arriver. Ainsi, je te prie de prendre patience, et de ne pas faire l’extravagant ; à moins que tu ne cherches un prétexte pour t’emporter contre moi, et l’occasion d’exercer ton talent pour les exécrations. à ces deux titres, extravague, mon ami ; extravague tant que tu voudras. J’ai une extrême impatience d’apprendre sa seconde demande. Ce que je sais déjà, c’est qu’à moins qu’il ne soit question de te couper la gorge, ou de m’exposer à l’échafaud, je la satisferai sans ménagement, et je serai fier d’avoir eu le pouvoir de l’obliger. Je te quitte pour travailler aux extraits.



M Belford, à Miss Clarisse Harlove.

3 d’août.

Madame,

vous m’avez engagé, sur votre parole d’honneur, à vous confier quelques extraits des lettres de M Lovelace, et vous m’assurez que