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les honorables noms qui précèdent, etc., il s’est arrêté). Assurément (en tournant les yeux vers moi), personne ne révoquera l’honneur de milord en doute, ni celui des excellentes dames qui ont signé la lettre. Je me flatte, M Hickman, que le mien n’est pas plus suspect. Je continuerai, monsieur, s’il vous plaît… j’aurais pu me dispenser d’en signer un qui m’est presque aussi odieux qu’à vous. Ce qu’à vous, monsieur… hé bien ! M Hickman. J’ai eu mes raisons pour employer ce terme. Miss Howe a fort maltraité mon caractère ; je ne lui ai jamais fait de mal. Son langage m’a blessé. Je m’imagine, monsieur, que vous êtes venu de sa part pour m’en faire excuse. Miss Howe, monsieur, est une jeune personne extrêmement polie. Elle n’est point accoutumée à parler mal de personne. C’est une raison de plus, monsieur, pour m’offenser de ses discours. Vous savez, monsieur, quelle est son amitié… il n’y a point d’amitié qui puisse justifier des libertés si choquantes. (je crois que le pauvre Hickman a commencé à regretter sa commission. Il m’a paru tout-à-fait déconcerté). J’ai voulu continuer : n’avez-vous pas entendu fort souvent dans la bouche de Miss Howe ?… il m’a interrompu. Je ne suis pas venu, monsieur, dans le dessein de vous insulter : mais vous savez combien Miss Harlove et Miss Howe sont amies. Je crains que vous n’ayiez pas eu pour Miss Harlove tous les égards qu’elle mérite ; et si la chaleur de l’amitié peut avoir engagé Miss Howe dans ce que vous nommez des libertés, il me semble qu’une ame généreuse doit regretter plutôt d’y avoir donné sujet…

j’entends le reste, monsieur. Mais ce reproche me déplaît moins dans la bouche d’une femme, que dans celle d’un homme d’épée. J’ai une passion extrême d’entretenir Miss Howe, et je suis persuadé que nous nous accorderions parfaitement ; les ames généreuses s’entendent à demi-mot. Je vous prie, M Hickman, ayez la bonté de m’introduire chez Miss Howe. Monsieur, je puis apprendre votre intention à Miss Howe, si vous le désirez. Oui, M Hickman ; vous m’obligerez beaucoup, mais vous pouvez continuer de lire. Il a lu effectivement ; comme si je n’avais pu me souvenir des quatre mots que j’avais écrits. Lorsqu’il est arrivé à l’endrait où je parle de corde, de prêtre et de bourreau : croyez-vous, monsieur, m’a-t-il dit, que ces expressions n’aient pas l’air d’un badinage ? Miss Howe n’en juge pas autrement. Vous savez trop bien, monsieur, que Miss Harlove n’a pas le pouvoir de vous envoyer au gibet. Eh ! Croyez-vous qu’elle le fît, si mon sort dépendait d’elle ?

Vous ajoutez, monsieur, a-t-il continué, sans répondre à cette belle question, que Miss Harlove est la plus outragée de toutes les personnes de son sexe. Je sais qu’elle se ressent de vos outrages, jusqu’à faire douter à Miss Howe qu’elle puisse jamais vous pardonner : et malgré le désir où toute votre famille paraît être de voir finir cette triste aventure par un heureux mariage, Miss Howe croit trouver, dans cette partie de la lettre, un juste sujet de craindre que vos intentions ne soient pas sérieuses, et que votre complaisance pour vos amis n’ait plus de part à ce compliment que votre inclination. C’est là-dessus qu’elle souhaite de connaître vos véritables sentimens, avant que de s’engager plus loin. Pensez-vous, M Hickman, que, si je suis capable de tromper ma propre famille, j’aie assez d’obligation à Miss Howe, qui m’a traité