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arrhes d’un bienfait plus important. Je suis très-content de vous jusqu’aujourd’hui. à l’égard des habits dont vous aurez besoin pour la fête, la rue de Monmouth vous en fournira. Un habit tout-à-fait neuf ferait naître quelque soupçon. Mais vous pouvez attendre à vous occuper de ce soin, que vous vous soyez assuré du consentement de ma belle. Votre habit de campagne suffira pour la première visite. Ayez soin que vos bottes ne soient pas trop nettes. Je vous ai répété mille fois qu’on ne saurait faire trop d’attention aux minuties, dans toutes les occasions où l’artifice est employé. Que votre linge soit un peu chifonné. L’excuse est simple. Vous ne faites qu’arriver. Souvenez-vous, comme je vous l’ai dit la première fois, de porter quelquefois la main au cou, d’étendre négligemment les jambes, de badiner avec vos gants ou vos manchettes, comme si vous étiez assez important pour vous croire au-dessus de l’exacte politesse. Votre âge vous en dispense. Il n’est pas question de plaire. N’êtes-vous pas père de plusieurs filles aussi âgées qu’elle ? Trop de respect et de complaisance vous rendrait suspect. En un mot, faites l’homme de conséquence, si vous voulez être écouté sur ce pied. Il me semble que je n’ai rien de plus à vous recommander. Mon dessein est effectivement de me rendre à Slough. Adieu, honnête Donald.



à M Tomlinson, ancien capitaine, etc.

au château de M, mardi matin, 27 de juin. Cher capitaine, un fâcheux mal-entendu, qui me met encore très-mal avec ce que j’ai de plus cher au monde, et que je ne veux pas vous expliquer moi-même, parce qu’il est difficile de n’être pas un peu partial pour sa propre cause, me jette dans la plus cruelle incertitude sur ses résolutions. Elle refuse de répondre à toutes mes lettres, et j’ai le chagrin de douter si je la trouverai disposée jeudi prochain à la célébration. Milord est si mal, que si je la croyais absolument résolue de ne pas m’obliger, je différerais de quelques jours à retourner à la ville. Il ne trouve de soulagement qu’à me voir près de son lit. Cependant son impatience est extrême d’embrasser sa nièce. Il veut emporter cette consolation en mourant ; et je lui en ai donné l’espérance, parce que si cette chère personne consent à mon bonheur, mon dessein est de l’amener droit ici en sortant de l’église. C’est à regret que je le dis de l’unique objet de mon affection ; mais la répugnance à pardonner est le vice de sa famille, d’autant moins excusable en elle, qu’elle en souffre au plus haut degré de la part de ses plus chers parens. Comme vous vous proposez, monsieur, d’être à Londres avant jeudi, vous me rendriez le plus important service, si vous pouviez, sans incommodité, hâter un peu votre voyage. C’est une prière que je vous ferais peut-être avec moins de liberté, si je ne me figurais que dans l’accablement de vos propres affaires, vous serez bien aise d’avoir vous-même quelque certitude pour le jour. Vous lui représenterez, monsieur, avec tant de force et de justice, les malheureuses conséquences d’un changement, soit du côté de son oncle, soit par rapport à l’intérêt que sa mère, comme vous m’en avez assuré, paraît vouloir prendre à la réconciliation, que vous ferez plus d’impression que moi sur son esprit. Un homme à cheval attendra vos dépêches pour me les apporter immédiatement. Mais si toutes vos instances sont absolument rejetées, vous aurez la bonté de rendre témoignage à M Jules Harlove, que ce n’est pas ma