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Il faut que je te représente en peu de mots ce qui vient de se passer entre nous. Je lui ai proposé d’abord, et dans les termes les plus empressés, de l’épouser sur le champ. Elle m’a refusé avec la même chaleur. Je lui ai dit que, s’il lui plaisait de m’assurer seulement qu’elle ne quitterait pas la maison de Madame Sinclair jusqu’à mardi au soir, je ne ferais qu’aller au château de M pour m’assurer de la situation de milord, et recevoir ses dernières volontés, s’il était encore en état de me les expliquer ; que peut-être serai-je de retour avant lundi… accordez-moi quelque chose, madame ; je vous en conjure ; donnez-moi quelque légère marque de considération. " quoi, monsieur ! N’est-ce que par vos mouvemens que je dois me déterminer ? Croyez-vous que je ratifierai ma prison par un consentement volontaire ? Que m’importe votre absence ou votre retour ? " ratifier votre prison ! Eh ! Vous imaginez-vous, madame, que je redoute les loix ? (j’aurais pu m’épargner cette folle bravade. Mais l’orgueil ne me l’a pas permis. J’ai cru, Belford, qu’elle me menaçoit.) " non, monsieur, c’est de quoi je ne vous soupçonne pas. Vous êtes trop brave pour respecter les loix divines ou humaines. " fort bien, madame. Mais exigez de moi tout ce qui peut vous plaire ; je suis prêt à le faire pour vous, quoique vous ne soyez disposée à rien pour m’obliger. " eh bien ! Monsieur, je vous demande la liberté d’aller à Hamstead. " je suis demeuré en suspens. Mais, à la fin : oui, madame, j’y consens de bon cœur. Je vais vous y conduire de ce pas, et vous y laisser, si vous me promettez d’être à moi jeudi prochain, en présence de votre oncle. " je ne promets rien. " madame, madame, gardez-vous de me laisser voir que je n’ai aucun fond à faire sur le retour de votre affection. " vous m’avez accoutumée à souffrir vos menaces, monsieur. Mais je n’en accepte pas moins votre compagnie jusqu’à Hamstead. Je serai prête à partir dans un quart-d’heure. Mes habits viendront ensuite. " vous savez, madame, à quelle condition. Jeudi prochain… " quoi ? Vous n’osez vous fier… " j’avoue, madame, que le passé m’inspire de la défiance. Cependant je veux me fier à votre générosité. Demain, s’il n’arrive rien qui doive me faire changer de résolution, d’aussi bonne heure qu’il vous plaira, vous pouvez partir pour Hamstead. Cette promesse a paru l’obliger. Cependant j’ai vu dans ses yeux un air de doute. Je vais retrouver les femmes. Comme je n’ai point à présent de meilleurs juges, j’entendrai ce qu’elles pensent de ma critique situation avec cette fière beauté, qui rejette insolemment un Lovelace à genoux, offrant, du ton le plus tendre, de s’humilier à la qualité de mari, en dépit de toutes ses préventions contre cet état d’esclavage.



M Lovelace, au même.

je sors du conseil. " ai-je été si loin, pour n’oser faire un pas de plus ? N’est-il pas évident, par toute la conduite de ma belle, que je suis absolument perdu dans son cœur ? Quelle autre défense a-t-elle, que son éloquence