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interruption de votre part. Votre silence sur ce point me sera une preuve que vous ne pensez plus à la téméraire démarche dont vous m’avez menacée, et que vous obéissez à votre mère, du moins dans la partie qui vous regarde. Supposez des cas d’importance : ne pouvez-vous pas employer la plume de Monsieur Hickman ? Mes caractères tremblans vous feront connaître, ma chère et impétueuse amie, quel tremblement de cœur vous avez causé à votre fidèle, Cl Harlove. P s. On m’apporte à ce moment mes habits. Mais vous m’avez jetée dans un trouble qui m’ ôte le courage d’ouvrir la malle. Un valet de Monsieur Lovelace porte ma lettre à M Hickman, pour faire plus de diligence. Que la plume de ce digne ami me soulage un peu de ce nouveau sujet d’inquiétude


M Hickman à Miss Clarisse Harlove.

vendredi, 5 mai. Mademoiselle, j’ai l’honneur d’être chargé, par Miss Howe, de vous marquer, sans connaître ses motifs, qu’elle est excessivement affligée de l’inquiétude que vous avez conçue de sa dernière lettre, et que si vous continuez seulement de lui écrire comme vous l’avez fait jusqu’à présent, elle renoncera au dessein qui vous cause tant d’alarmes. Cependant, elle m’ordonne d’ajouter que, s’il y a la moindre apparence qu’elle puisse vous servir ou vous sauver , ce sont ses propres termes, toutes les censures du monde ne tiendront que le second rang dans son esprit. Je suis fort tenté, mademoiselle, de saisir cette occasion pour vous exprimer l’intérêt que je prends à votre situation ; mais n’en étant pas bien informé, et jugeant seulement, par l’agitation d’esprit de la plus chère personne que j’aie au monde, et de la plus sincère de vos amies, qu’elle n’est pas aussi heureuse que je le désire, je suis réduit à vous offrir mes fidèles services, avec des vœux ardens pour la fin de toutes vos peines ; car je suis, mademoiselle, avec un dévouement égal à mon respect et à mon admiration, votre, etc.

Charles Hickman.


M Lovelace à M Belford.

mardi, 2 mai. Mercure, suivant nos fabulistes, ayant la curiosité de savoir dans quel degré d’estime il était parmi les mortels, descendit sous quelque déguisement, et marchanda dans la boutique d’un statuaire, un Jupiter, une Junon, ensuite quelques autres des dieux majeurs ; et venant à sa propre statue, il demanda aussi de quel prix elle étoit. Oh, lui dit l’artiste, achetez une des autres, et je vous donnerai celle-là par-dessus le marché. Le dieu des voleurs dût avoir l’air assez sot en recevant cette mortification pour sa vanité. Tu lui ressembles, Belford. Mille guinées ne te coûteraient rien pour obtenir l’estime de cette belle personne. Tu te croirais heureux qu’elle te trouvât seulement supportable, et pas tout-à-fait indigne de sa compagnie.