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pour me faire connaître que c’est la dépositaire générale de tous les secrets des femmes d’Hamstead. Ciel ! Belford, que de méchancetés cette Miss Rawlings doit savoir ! Quelle boëte de Pandore que son sein ! Si je n’avais rien qui méritât mieux mon attention, je m’engagerais à l’ouvrir bientôt : et quel usage ne ferais-je pas de mes découvertes ! à présent, mon ami, tu comprends que toute ma ressource est dans la médiation de ma tante et de ma cousine Montaigu, et dans l’espérance d’intercepter la réponse de Miss Howe. La belle inexorable est allée à l’église avec Madame Moore et Madame Bévis. Mais Will observe de près tous ses mouvemens, et j’ai reglé les moyens de recevoir sur le champ tous ses avis. Elle m’a déclaré qu’elle ne souhaitait pas que j’y parusse avec elle. qu’elle ne souhaitait pas, expression favorite des femmes ; comme si nous étions obligés de suivre toujours leurs volontés. Je ne l’ai pas fort pressée, dans la crainte qu’elle ne me soupçonnât de quelque doute sur son retour volontaire. Il m’est venu à l’esprit d’arrêter Madame Bévis, et de lui offrir une autre occupation. Je crois qu’elle aurait passé aussi volontiers le temps avec moi qu’à l’église. Elle a paru incertaine, lorsque je lui ai représenté que, pour l’édification publique, deux personnes suffisaient d’une maison. Mais, étant habillée, et sa tante Moore l’attendant, elle a cru devoir partir… de peur que cela ne parût affecté, m’a-t-elle dit en passant, à moi qui en aurais assurément mieux jugé.



M Lovelace, au même.

dimanche, après midi. ô Belford ! De quel danger je suis échappé ! Ton ami tremble encore d’un mêlange de crainte et de joie ! à quelle étrange fille ai-je donc à faire, qui ose lutter contre son destin, quoiqu’elle ait tant de fois éprouvé que sa propre étoile combat pour moi ? Je suis le plus heureux des hommes. Mais la respiration me manque, lorsque je réfléchis à quel petit fil mon sort a comme été suspendu. Pour ne te point tenir en suspens, je suis en possession, depuis une demi-heure, de cette réponse si long-temps attendue, et par le plus bizarre accident ! Mais je joins ce billet à ma lettre précédente, parce que ton messager attend mes dépêches.



M Lovelace, au même.

voici l’aventure. Ma charmante est retournée cette après-midi à l’église, avec Madame Moore. J’avais été fort pressant pour obtenir l’honneur de dîner avec elle ; mais en vain. Je lui avais demandé ensuite la faveur d’une nouvelle conférence au jardin. Elle s’est obstinée dans la résolution d’aller à l’église ; et quelles raisons n’ai-je pas de m’en réjouir ? Ma digne amie Madame Bévis a jugé qu’un sermon suffisait dans un jour. Elle est demeurée pour me tenir compagnie. Il n’y avait pas un quart-d’heure que ma charmante et Madame Moore étoient sorties, lorsqu’un jeune paysan, à cheval, est venu demander à la porte Madame Henriette Lucas. Nous étions, la veuve et moi, dans le