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bien ! Pauvre esprit, ne dois-je pas chercher le temps et le lieu ? Le Capit. pardon, monsieur ; mais pouvez-vous penser à vaincre, par la force, une fille de cet admirable caractère ? Lovel. à la vérité, l’idée de la force me fait horreur. Pourquoi te figures-tu que j’aie pris tant de peine, et que j’aie engagé tant de personnes dans ma cause, si ce n’est pour éviter la nécessité d’employer ce que tu nommes la force ? Cependant peux-tu croire aussi que j’attende un consentement ouvert, d’une esclave de la bienséance et des formalités ? Ami Donald , je t’apprends que ton maître Belford a défendu le parti que tu embrasses, avec autant de force que tu en puisses mettre dans tes raisons. Ai-je donc la conscience de tous les sots à tranquilliser avec la mienne ? Sur mon ame, capitaine, elle a ici (en me frappant la poitrine) un ami qui plaide pour elle avec plus de chaleur et d’éloquence qu’elle n’en peut attendre de tous les autres hommes. N’est-elle pas échappée d’entre mes mains ? Et qu’avais-je fait encore pour l’exécution de mon premier dessein, qui était de mettre sa vertu à l’épreuve, et dans la sienne, celle des plus vertueuses de son sexe ? Toi, foible cerveau, tu voudrais me faire abandonner un projet qui ne peut tourner qu’à la gloire de ce beau sexe, dont nous sommes tous idolâtres. Le Capit. (d’un air encore plus triste). Ainsi, monsieur, vous ne pensez nullement au mariage. Lovel. j’y pense, pauvre imbécille ; mais laisse-moi réduire auparavant son orgueil, pour satisfaire le mien. Laisse-moi voir si je suis assez aimé pour obtenir grâce en faveur de moi-même. N’a-t-elle pas regretté jusqu’à présent de n’être pas demeurée chez son père, quoique la conséquence infaillible pour elle eût été de se voir la femme de l’odieux Solmes ? Si je la fais consentir aujourd’hui à devenir la mienne, ne vois-tu pas que j’en serai moins redevable à son amour, qu’au désir de se réconcilier avec une famille que je déteste : et sa vertu et son amour demandent également la dernière épreuve. Mais si sa résistance et sa douleur répondent aux apparences ; si j’aperçois, dans son ressentiment, moins de haine pour moi que pour ma faute, elle sera ma femme, alors, aux conditions qu’il lui plaira de m’imposer. Alors, je l’épouse, malgré toute l’aversion que j’ai pour le mariage. Le Capit. hé bien, monsieur, je suis un morceau de cire entre vos mains, prêt à recevoir la forme que vous jugerez nécessaire à vos étranges vues. Mais, comme j’ai pris la liberté de vous le dire… Lovel. laisse ce que tu m’as dit. Je m’en souviens, et je sais tout ce que tu peux dire encore. Tu cherches, comme Pilate, à te laver les mains. Ne te connais-je pas ? Mais il est trop tard pour consulter ton hypocrisie. Toutes nos machines ne sont-elles pas disposées ? Sèche tes ridicules pleurs. Reprends ton air majestueux : tu as fait des merveilles. Ne te déments pas ; la récompense t’attend. Et lui frappant sur l’épaule : va, je te réponds de l’évènement. Il m’a fait une révérence muette, qui m’a répondu de son consentement et de son zèle. Ensuite, s’approchant du miroir, il a composé son visage ; il a redressé sa perruque, comme si l’agitation de son cœur s’était communiquée jusqu’à sa tête ; et j’ai reconnu encore une fois le vieux Satan sous sa véritable forme. Mais aurais-tu pensé, Belford, qu’il y eût tant… de quoi dirai-je ? Dans un homme tel que ce Donald Patrick. Lui aurais-tu cru des entrailles ?