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petit exorde, ai-je pensé, assez bizarre, et même assez impertinent). M Tomlinson, (en s’adressant à lui avec son air inimitable de dignité) je suis votre servante. Vous ne vous serez pas offensé du refus que je fis hier de vous voir. J’étais réellement hors d’état de vous parler avec un peu d’attention. Le Cap. je suis charmé, madame, de vous voir aujourd’hui beaucoup mieux. C’est le jugement que je porte de votre santé. Clar. non, je ne suis pas trop bien. Je ne me serais pas excusée de vous recevoir il y a quelques heures, si je n’avais eu l’espérance de me trouver mieux. Pardon, monsieur, de la peine que je vous ai causée. Vous serez d’autant plus disposé à me la pardonner, qu’elle finira, j’espère, aujourd’hui. (si résolue ! Si déterminée ! Ai-je dit en moi-même. Cependant une nuit entière qui s’est passée sur ses ressentimens ! Mais comme ces quatre mots pouvaient recevoir une explication favorable, je n’ai pas voulu les prendre dans le mauvais sens). Lovel. le capitaine s’est repenti, ma chère, de n’avoir pas demandé hier à vous voir au premier moment de son arrivée. Il a craint que vous ne l’ayez pris en mauvaise part. Clar. peut-être devais-je m’attendre que l’ami de mon oncle eût souhaité de me voir en arrivant. (t’attendais-tu, Belford, à cette réponse ?) mais vous avez eu, monsieur, (en s’adressant à moi) vos raisons pour le retenir. (diable ! Ai-je pensé. Il y avait donc du ressentiment avec le mal de tête, comme ma bonne Bévis l’observa fort bien, dans le refus qu’on fit hier de voir cet honnête ami de M Jules). Le Capit. c’est votre faute, M Lovelace. Je voulais rendre mes devoirs à madame, au moment que je suis arrivé… Clar. c’est assez, monsieur ; en l’interrompant, pour abréger les réponses ; je ne veux pas que vous me croyez choquée d’une bagatelle. S’il ne vous a pas été trop incommode de revenir, je suis fort satisfaite. Le Capit. (un peu déconcerté). Je ne vous dirai pas, madame, que mes affaires…, qui sont en fort grand nombre…, n’aient pas un peu souffert… mais le désir que j’ai de vous servir, vous et M Lovelace, et celui d’obliger M Harlove, votre cher oncle et mon cher ami, me font juger les plus grandes incommodités, dignes d’un meilleur nom. Clar. rien de si obligeant, monsieur. Vous voyez les circonstances fort changées, depuis la dernière fois que j’ai eu l’honneur de vous voir. Le Capit. extrêmement changées, madame. J’en fus très-surpris, jeudi au soir, lorsque M Lovelace me conduisit à votre logement, où nous espérions de vous trouver. Clar. avez-vous quelque chose à me dire qui demande un entretien particulier ? (les trois femmes ont fait alors un mouvement pour se retirer.) ne sortez pas, mesdames. Si M Lovelace demeure, assurément rien ne vous oblige de sortir. (j’ai ridé le front. Je me suis mordu la lèvre. J’ai regardé les femmes, et j’ai secoué la tête.) Le Capit. je ne suis chargé de rien qui ne regarde en partie