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il y aurait peut-être de l’indiscrétion… (en jetant les yeux sur moi et sur les trois femmes.) Lovel. ha ! De ce côté-là, capitaine, vous n’avez rien à redouter dans cette compagnie. Mais vous, André (me tournant vers mon nouveau laquais, qui me servait à table), sortez. Cette bonne fille, en regardant la servante de la maison, suffira pour les besoins qui nous restent. (André est sorti. Il avait ses instructions : et la servante a paru fort sensible à la préférence que je faisais d’elle.) Le Capit. la situation de vos affaires, monsieur, est d’une nature qui me paraît capable d’arrêter le succès de tous mes soins. Si M Jules en étoit malheureusement informé, il douterait de la vérité de votre mariage, comme tout le reste de la famille. (les femmes ont prêté ici l’oreille avec une singulière attention). Je vous en ai déjà demandé les circonstances, et je ne vous ai pas vu d’empressement à me répondre. Cependant, il serait à propos que je fusse un peu mieux instruit. Je vous avoue qu’il n’entre point aisément dans mon esprit, si l’on ne suppose une haine ouverte, qu’une femme se ressente assez vivement de ce qui peut arriver entr’elle et son mari, pour se croire autorisée à s’évader . Lovel. capitaine… monsieur… je vous assure que je m’offenserai… que vous m’affligerez extrêmement, si vous employez des termes… Le Capit. votre délicatesse et votre amour, monsieur, peuvent vous rendre trop prompt à vous offenser ; mais c’est ma méthode, de donner leur nom aux choses ; s’en offense qui voudra. (tu ne te figurerais pas, Belford, avec quel air d’assurance et de liberté le maraud m’a fait cette réponse.) lorsque vous nous aurez éclaircis, monsieur, nous trouverons quelque nom qui vous plaira davantage, pour cette téméraire démarche d’une jeune personne si digne d’admiration à tout autre titre. Comprenez que, représentant ici mon cher ami M Jules Harlove, je dois parler aussi librement qu’il parlerait lui-même. Mais vous rougissez, monsieur ! Pardon, M Lovelace. Je sens qu’il ne convient point à un homme modeste de vouloir pénétrer des secrets qu’un homme modeste ne peut révéler. (je n’avais pas rougi le moins du monde ; mais loin de rejeter ce compliment, j’ai baissé aussi-tôt les yeux. Les femmes ont paru charmées de ma modestie, à l’exception de Madame Bevis, que j’ai cru voir plus disposée à rire qu’à m’admirer.) Le Capit. de quelque source que soit venue cette démarche, je ne la nommerai plus une évasion, puisque ce terme blesse votre amour ; mais vous me permettrez du moins d’exprimer ma surprise, lorsque je me rappelle les témoignages mutuels d’affection dont j’ai été témoin la dernière fois que je vous ai vus. un excès d’amour, monsieur ; je me souviens que vous m’avez dit quelque chose d’approchant. Mais, en vérité (avec un sourire), un excès d’amour est une étrange cause de querelle… peu de femmes… Lovel. cher capitaine ! (j’ai tâché ici de rougir. Les femmes ont tâché de rougir aussi, et comme tu penses, avec plus de succès, parce qu’elles y sont plus accoutumées. Madame Bevis a le teint haut en couleur ; elle rougit continuellement.) Miss R. ces explications ne mènent à rien. La jeune dame